Des jeunes qui désiraient se rendre en Syrie aux côtés de l’État islamique ont aidé un organisme à rédiger deux guides pour prévenir d’autres cas comme les leurs.
Le 24 Heures a demandé à entrer en contact avec l’un de ces jeunes suivis par le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV). Bien qu’il n’ait pas été possible de lui parler directement dans le cadre d’une entrevue pour une question de sécurité, l’un d’eux a accepté de répondre à des questions transmises par l’intermédiaire du directeur du centre, Herman Deparice-Okomba.
«Si [mon enseignant] avait observé mes comportements et avait eu une attitude d’ouverture, de dialogue et de respect, [il aurait pu m’aider]», a indiqué ce jeune lorsque le 24 Heures a demandé comment est-ce que son enseignant aurait pu faire une différence s’il avait eu ce guide en main.
Selon M. Deparice-Okomba, ce jeune n’a pas senti d’écoute et il avait des comportements que l’enseignant n’a pas pu observer parce qu’il n’avait pas d’outils.
«Face à la radicalisation, cet enseignant n’était pas nécessairement ouvert, ne comprenait pas ce qui se passait. Le jeune sentait qu’on ne respectait pas sa différence», explique-t-il.
Processus unique
Bien qu’il existe des guides de prévention de la radicalisation en France, ceux du CPRMV ont été spécifiquement préparés pour les professionnels de l’enseignement et de la santé du Québec. De plus, ces deux documents ont été consultés et validés par des jeunes qui ont voulu aller en Syrie et par leurs parents.
«La plupart des jeunes qu’on suit [au centre] ont beaucoup de remords. Ils se demandent souvent ce qu’ils peuvent faire pour que ça n’arrive pas à un autre. Ça n’a pas été difficile de les convaincre [de participer à la rédaction des guides]», ajoute M. Deparice Okomba.
Quoi faire et ne pas faire
Ces guides, qui seront lancés en septembre, devraient permettre de mieux comprendre les réalités de ceux qui se radicalisent. Ils donneront des conseils sur la façon de réagir, quoi faire et ne pas faire face à un jeune qui commence à avoir des comportements suspects.
«On vient vraiment répondre à un besoin, explique M. Deparice-Okomba. Depuis que le centre existe, on reçoit souvent des appels nous demandant des conseils sur la façon de réagir quand ils croient qu’un jeune est en train de se radicaliser.»
Depuis un an, le CPRMV aurait reçu environ 800 appels de la part de professionnels qui travaillent avec des jeunes.
«Quand on parle de radicalisation, les facteurs d’exposition prennent du temps. Les seules personnes qui peuvent détecter la radicalisation, c’est les personnes qu’ils côtoient à tous les jours, comme les enseignants», ajoute M. Deparice-Okomba.
CONSEILS QU’ON RETROUVERA DANS LE GUIDE
1. Soyez à l’écoute des révélations des camarades d’école concernant les changements soudains de comportements sur les réseaux sociaux, notamment s’il est question d’un discours haineux ou s’il s’avère que l’élève fréquente des sites faisant l’apologie de discours ou de groupes extrémistes violents.
2. En respectant les codes de vie qui encadrent votre pratique, évitez d’exclure l’élève et tentez, au contraire, de maintenir sa relation avec son milieu scolaire. Pour cela, invitez le personnel scolaire à créer une complicité avec le jeune et ses parents, et à travailler avec eux.
3. Démontrez du respect, de l’écoute et de l’empathie, sans jugement préalable à l’égard de l’individu : ceci vous permettra de créer un climat propice à l’instauration d’une relation de confiance et à l’établissement d’un lien significatif.
4. Apprenez à connaître et à respecter vos limites et vos habiletés d’intervention afin de ne pas poser de gestes qui aggraveraient la situation.
Publier le : 14 juillet 2016 / Par : Marie Christine Trottier, pour le Journal de Montréal
Source : Des guides contre la radicalisation
- Posté par info-radical
- Le 8 août 2016
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